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:: questions sur le cours ::

Je publie ci-dessous les réponses que j’ai faites samedi soir aux questions que l’une d’entre vous me posait par mail, de sorte à ce que chacun puisse bénéficier de ces précisions :

1. Concernant la beauté chez Platon, il faut se rapporter une nouvelle fois à son axio-ontologie et, donc, à l’Idée du beau (to kalon). Ainsi chez Platon n’y a-t-il de beauté véritable que dans l’ordre de l’intelligible, les choses sensibles étant, quant à elles, aussi éloignées de cette « beauté intelligible » que de toutes les autres idées.

2 Concernant le problème de la supériorité ou de l’infériorité de la beauté naturelle par rapport à la beauté artistique, pour Hegel (qui s’oppose à Kant sur ce point), la beauté artistique dépasse bien la beauté naturelle : en effet, l’art exprime la liberté de l’esprit, et c’est à ce titre qu’il permet l’expérience esthétique ; dans la nature, en revanche, cette liberté n’a aucunement cours, puisque tout y est de l’ordre de la nécessité.

3. La preuve cosmologique de l’existence de Dieu, que j’ai désignée par le nom que lui donnait Leibniz, savoir preuve « a contingentia mundi » (par la contingence du monde), consiste à dire que chaque chose, chaque être est la conséquence d’une cause, cause qui a elle-même une cause, chaque cause se situant à un plus haut degré d’être que sa conséquence (il faut pour que la conséquence soit que la cause soit, ce que préfigure l’axio-ontologie platonicienne), et que, de proche en proche, l’on ne peut que remonter à une cause première, laquelle, en tant que cause première, n’est conséquence de rien, mais cause d’elle-même (« causa sui », comme dit Spinoza), et cause, donc, de tout ce qui est (et pourrait être) (ce que préfigure l’ « anhypothetikon » qu’est l’Idée du Bien, to agathon, chez Platon), et qui doit nécessairement exister, car sinon il n’y aurait rien. Et l’on prétend de la sorte prouver la nécessaire existence de Dieu (comme cause première).

4. Dans la Critique de la raison pure (partie intitulée « déduction transcendantale des catégories »), les catégories sont déduites des formes de la pensée qui s’expriment à travers les raisonnements que celle-ci produit : nous raisonnons causalement, donc la causalité est l’une des catégories de l’entendement. Il y a là, bien sûr, et je vous l’ai fait remarquer en cours, une circularité de la justification : c’est « en vertu d’une faculté », l’entendement et ses catégories, que nous raisonnons causalement.

5. Descartes à fait de l’âme une substance, c’est-à-dire une réalité qui existe par soi-même et demeure identique à elle-même : à ce titre, il prétend en avoir démontré l’existence, avoir fondé le dogme religieux de l’immortalité de l’âme. Mais, en identifiant l’âme à la pensée qui se sait elle-même (comme pensée) (ce qui préfigure effectivement la conscience), il a « conforté, dit Leibniz, les esprits mal tournés dans l’idée de la mortalité des âmes », donc accrédité l’exact contraire de ce qu’il prétend par ailleurs avoir démontré. Le critique tient en une phrase (de la Monadologie). C’est ce que je vous ai expliqué l’autre jour : lorsque la mort survient, toute conscience disparaît, mais si l’âme équivaut à la conscience, c’est donc que l’âme aussi disparaît, et donc que la mort du corps est aussi mort de l’âme.

Notez bien qu’on pense ici dans le cadre d’un dualisme strict : l’âme et le corps sont deux réalités hétérogènes, qui se retrouvent « mêlées », unies durant la vie, mais qui ont une existence séparée.

L’homme est âme et corps « mêlés ». L’animal lui est dépourvu d’âme ; il n’est donc que corps. Et effectivement Descartes, en des pages célèbres, reconnaît que le corps animal s’automeut, tel une machine (voyez le concept de machine que nous avons produit en introduction de « De l’Ustensilité »). Mais il est clair que reconnaître cela, c’est dénier à l’âme certaines de ses prérogatives : elle cesse d’être un principe de mouvement. De surcroît, Descartes la situera dans une partie du corps (la glande pinéale, ou épiphyse), comme je vous l’ai expliqué en cours une fois. Ce qui constitue une contradiction : ce qui est de nature spirituelle ne saurait être localisée en un lieu, fût-il cérébral. Et c’est ce qui m’autorise à qualifier le spiritualisme cartésien de « quasi-matérialisme ».

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Discussion

Un commentaire pour “:: questions sur le cours ::”

  1. Bonjour,
    En relisant ma prise de notes suite à votre réponse orale sur la beauté chez Hegel, je me suis rendue compte qu’il y a quelque chose que je n’ai pas bien compris.
    J’ai écrit que la nature était déterminée causalement, alors que l’œuvre d’art est l’expression de la liberté de l’artiste ou plutôt de son imagination.
    Seulement, en quoi l’œuvre d’art pourrait provoquer un sentiment du beau plus fort que la nature ?
    Puisque l’imagination est libre et non pas subordonnée à l’entendement, logiquement l’entendement ne serait pas en mesure de comprendre que la nature est déterminée et l’œuvre d’art non.
    Merci de votre attention

    Posté par Sarah Betard | mai 26, 2013, 17 h 44 min

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